Une journée aux chutes d'Iguazú : le guide pratique
Vous l’aviez entre-aperçu sur Instagram. Il est là, l’article sur les chutes d’Iguazú ! Un incontournable de l’Amérique du sud à l’instar du salar d’Uyuni ou encore du Machu Picchu. Le parc naturel d’Iguazú est un des lieux mythiques que nous souhaitions absolument découvrir ! Plus de 240 000 hectares subtropicales où cohabitent le grondement de 275 chutes d’eaux sauvages, des milliers d’espèces végétales et une faune insolite. Jaguars, tapirs, fourmiliers, singes hurleurs, toucans et (ô nombreux) coatis. De quoi être fasciné le temps d’une journée !
Pour être prescripteur de destinations de voyage aujourd’hui, filtrer les adresses ne suffit plus. Le voyage fait parti d’une réflexion globale sur la découverte. Sur ce qu’une destination peut vous apporter et vous faire ressentir. Et savoir le mettre en avant nécessite de maîtriser un storytelling de qualité.
Si je vous parle de ça, c’est parce que je sais pertinemment que j’ai mis du temps à publier l’article concernant notre visite au parc naturel d’Iguazú. J’avais peur de ne pas maîtriser les codes de cette narration. Peur de retranscrire mes souvenirs en un récit fade et purement descriptif d’une expérience pourtant si intense à mes yeux ! De quoi vous donner des frissons. De quoi éveiller vos sens.
Voyez plutôt.


VISITER LE PARC, UNE EXPÉRIENCE AUX MILLES SENSATIONS
Je doute que vous n’ayez jamais entendu parlé des chutes d’Iguazú et du parc naturel qui les entoure, puisqu’il s’agit d’un site assez renommé disons-le. Et qui dit renommé, dit aussi fantasmé. On ne trouve pas moins de centaines de milliers d’images du parc sur Internet, déclinées en photographies, vidéos, reportages, et j’en passe.
Elles détaillent l’endroit dans ses moindres recoins et je dois avouer qu’après en avoir visionné moi-même les trois quarts avant notre voyage, je pensais presque en avoir vu l’essentiel à travers mon écran. Jusqu’à m’y rendre, et constater à quel point j’étais loin de la vérité.
Je peux vous dire une chose : je ne me souviens pas avoir été déçue une seule seconde durant notre visite. Paradisiaque, tel est l’adjectif que je donnerai au parc. Qu’il s’agisse des paysages – la partie que j’appréhendais pourtant le plus, pensant qu’à force d’en voir des images sur Internet, la magie et la découverte ne seraient plus au rendez-vous –, mais surtout des sensations.
L’impression inéluctable de petitesse devant une Nature si puissante et si sauvage. L’effacement absolu face au bruit assourdissant de l’eau. Et la vue et l’odorat sollicités en permanence devant les couleurs et les odeurs brutes et boisées des sentiers... Pas une seule fausse note. Je vous l’avais dit, l’éveil absolu de tous les sens.


SI VOUS N'AVEZ JAMAIS ENTENDU PARLÉ DU SITE...
...laissez-moi vous présenter brièvement ce dont il s’agit. Les chutes d’Iguazú sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984. Elles se trouvent à la frontière du Brésil et de l’Argentine, dans la zone protégée du Parc national d’Iguazú. Étant situé à la frontière des deux pays, le parc est donc séparé en deux sites par la frontière, qu’il est possible de visiter en passant soit par l’entrée mise en place du côté argentin, soit par celle mise en place du côté brésilien.

En fonction de l’angle choisi – côté argentin ou côté brésilien –, la visite sera différente puisque les points de vue sur les chutes ne sont pas les mêmes. Visiter le parc depuis le Brésil offre une vue d’ensemble assez panoramique du front sur lequel elles s’étendent. Et visiter le parc du côté argentin permet de se trouver littéralement aux pieds et au dessus d’elles, en les approchant au plus près.
Pour notre part, nous n’avons visité le parc que du côté argentin. L’angle le plus intéressant selon moi, parce qu’en plus d’offrir une plus grande variété de points de vues sur les chutes, on y observe également de plus près les animaux sauvages présents sur le site et surtout l’écosystème vivant qui s’y est développé, en réponse aux conditions assez singulières que le lieu présente – notamment l’humidité –.

Nous y avons croisé des oiseaux qui m’étaient inconnus, un beau toucan, une infinité de papillons plus colorés les uns que les autres, des singes – dont l’agilité ne m’a pas permis de prendre une seule photo –, mais surtout énormément de coatis. Ce sont peut-être les seuls animaux que je ne qualifierai plus de « sauvages », puisqu’ils ont pris l’habitude d’être approchés et nourris. Je trouve cela assez dommage, bien qu’il faille s’y attendre vu le nombre de visiteurs à la journée.
Petite anecdote, les coatis sont friands de tout ce qu’ils peuvent trouver à manger. Ils traînent donc souvent auprès des visiteurs, dans les coins de restauration notamment, pour se faire offrir un peu de nourriture. Je vous conseille de bien fermer vos sacs si vous avez pris un pique nique avec vous. Le nôtre a fini dévoré par une dizaine de coatis ! Ces petites bêtes ont beaucoup de flair, et n’hésitent pas à fouiller dans les affaires sans surveillance… à l’image des singes de Bali.
UNE VISITE, TROIS PARCOURS
Puisque les chutes se trouvent dans l’enceinte d’un parc naturel, et bien que la faune et la flore y aient été très bien conservées, le parc est aussi évidemment aménagé de manière à rendre la visite intuitive. Il y a donc des sentiers, des espaces de restauration et espaces où pique-niquer, beaucoup de passerelles pour se rapprocher au plus près de chaque point d’eau observable, et surtout des sens de circulation et de visite.
Du côté argentin, il existe 2 principaux parcours de visite – en plus de divers sentiers empruntables (je pense notamment aux « sendero Macuco », « sendero verde ») –. Le parcours inférieur, qui permet de passer aux pieds des chutes – et d’être littéralement trempé par les rejets des cascades – (1,4 km de parcours), et le parcours supérieur qui permet de se retrouver sur le lit de la rivière (1,7 km de parcours). Les deux parcours comprennent des espaces d’observation où s’arrêter.



Les points d’observation situés sur le parcours inférieur permettent d’avoir une vue d’ensemble des chutes sur le front basaltique, en contre plongée sur les cascades puisque vous passez littéralement au pied d’elles – d’où l’appellation du parcours dit « inférieur » –. Soit des cascades de 80 mètres de haut au-dessus de vous. Autrement dit, lorsque la Nature vous offre ce spectacle, vous ne pouvez que vous incliner devant son imposante présence.


Et les points d'observation situés sur le parcours supérieur – le parcours qui longe le lit de la rivière – permettent d’observer l’eau se jeter dans le fleuve. Géologiquement, ces cascades sont l'achèvement brusque du Rio Iguazú, avant sa confluence avec le fleuve Paranà. Plus simplement, le Rio Iguazú est un affluent du fleuve.
En plus de donner naissance à de nombreuses cascades, il créé également les embruns présents dans le paysage, ainsi que les arc-en-ciel que vous apercevez sur quelques unes des photos, qui je pense, traduisent assez bien la puissance des cours d'eau. Mieux vaut ne pas tomber dedans...


LA GARGANTA DEL DIABLO
En ce qui concerne le 3ème parcours, il est un peu particulier. Il est possible de l’emprunter soit par le biais d’un petit train circulant à l’intérieur du parc, soit à pied en suivant les rails. Mais le plus rapide reste le train, avec déjà 15 à 20 minutes de trajet il me semble. Le 3ème parcours permet d’aller observer la cataracte la plus impressionnante de tout le site : « la Garganta del Diablo », littéralement « la gorge du diable ».
Elle se présente comme une immense ouverture à vos pieds où se jettent des litres et des litres d’eau s’entrechoquant dans des chutes incroyables. Un paysage hypnotisant, à couper le souffle. D’une puissance rare, chargé d’une émotion singulière, brute et sauvage. Je ne saurai vous en dire plus car il est difficile de décrire la sensation que l’on ressent en assistant à cette scène. Une chose est sûre, la brume qui s'élève en permanence donne l'impression de vous retrouver devant un mirage.
Lorsque mes yeux se posaient sur le vide extrême creusé par la rencontre des eaux, je ne pouvais m’empêcher de me sentir infiniment petite, et de penser que la nature n’a et n’a jamais eu besoin de personne. Elle se suffit à elle-même. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle est bien plus belle lorsque l’Homme n’y a pas encore laissé son empreinte, et que les plus belles constructions et les plus beaux édifices construits par la main de l’Homme ne sont qu’un pâle reflet de ce que la Nature est capable de nous offrir.
Je vous conseille de vous rendre à la garganta aux alentours de 15h. Non à midi, en fonction du soleil et de sa réverbération, non en début d'après-midi puisque la majorité des touristes y affluent à ces heures, mais plutôt à partir du milieu d'après-midi. Le train pour s'y rendre est beaucoup moins bondé, et vous aurez peut-être la chance de vous retrouver un peu plus tranquille sur les passerelles.
PETIT BONUS :
LÉGENDE GUARANI SUR LES ORIGINES DU SITE
J’ai pensé qu’ajouter un peu de folklore à la description que je voulais vous faire du lieu, y rajouterait également un peu de magie, de poésie. Arrivés à ce stade de l'article, vous n'êtes plus à quelques paragraphes près... Il existe diverses versions concernant la naissance des chutes, je vous résume la version abrégée disons.
Selon une vieille légende guarani, les chutes d’Iguazú seraient dues à l’effondrement du lit du fleuve Iguazú, provoqué par un dieu de la forêt, jaloux d’y voir s’enfuir un guerrier et une jeune fille ensemble en canoë. Tous les ans, le peuple guarani sacrifiait la plus jolie jeune fille de sa tribu en échange de la protection de ce dieu. Mais une année, un guerrier serait tombé amoureux de celle qui devait être sacrifiée.
La légende dit qu'ils ont décidé de s’enfuir ensemble. Mais le dieu les ayant retrouvés, et dans sa colère, aurait provoqué un effondrement en plein milieu de la rivière pour les séparer. La jeune fille serait tombée en bas des chutes et s’y serait transformée en rocher. Le guerrier lui, se serait changé en arbre, prenant racines au sommet des chutes, surplombant pour toujours son défunt amour…
J’avais oublié de vous préciser un fait assez appréciable. Près de la sortie du parc, il y a une sorte de grande hutte, où il est possible d’apercevoir des Guaranis. Les Guaranis sont un peuple venu d'Amazonie il y a plus de 700 ans. Ils habitent aujourd'hui la région de Misiones, région où la végétation est si dense, qu'ils y ont trouvé refuge.
La hutte implantée est si grande qu'on ne peut pas passer à côté sans la voir. Nous y avions observé un Guarani s’affairant autour d’un instrument de musique local, ainsi que deux enfants jouant avec les coatis. Tous à demi nus. L’image d’un peuple vivant en harmonie avec les infrastructures mises en place, malgré le tourisme de masse...
DE BUENOS AIRES À PUERTO IGUAZU
Les chutes d’Iguazú étaient la deuxième étape de notre voyage en Amérique latine, après Buenos Aires. Étant situées à la frontière de l’Argentine et du Brésil, je vous ai dit qu’il était possible de les voir et de les visiter depuis les deux pays puisque le parc possède deux entrées. L’une située sur le territoire brésilien, accessible en passant par Foz do Iguazu, l’autre sur le territoire argentin, accessible en passant par Puerto Iguazú.
Du côté argentin, Puerto Iguazú est la ville la plus proche du parc, où s’arrêtent la majorité des visiteurs avant d’entamer leur visite aux chutes. Nous sommes donc partis de Buenos Aires en bus, pour atteindre cette ville environ 18h après. Buenos Aires propose de nombreux allers en bus vers Puerto Iguazú, et notamment des voyages de nuit vu le temps de trajet. Nous sommes partis avec la compagnie Rio Uruguay pour une somme d'environ 50€ par personne (avec dîner et petit-déjeuner inclus dans le bus).

Arrivés à Puerto Iguazú, les hôtels, Airbnb et restaurants ne manquent pas sur place. D’ailleurs, c’est bien là-bas sans hésiter que j’ai mangé le meilleur asado de tout mon périple ! Voire, la meilleure viande jamais goûtée. Et non je n’exagère pas. Nous sommes tombés sur le restaurant par hasard, mais c'est ce qui fait la beauté du voyage. Et je vous donne volontiers l'adresse, de rien :
Bar do Sebastião
399 Avenida Brasil
Puerto Iguazú
Tarifs : $ - $$
Les habitants sont très accueillants, car habitués au tourisme j’imagine, et les paysages plein de charme ! Et si l’on trouve des rues envahies de commerces, ils ne sont remplis que d’objets artisanaux. On y trouve également de nombreux sentiers où la flore est particulièrement bien mise en avant. D’ailleurs, si vous vous promenez le long du Paranà, vous arriverez forcément au point d’observation à la jonction de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay. On y voit réellement trois terres en face les unes des autres, séparées par l’immense rivière. L’expérience vaut le détour !




CARNET PRATIQUE : DE PUERTO IGUAZU VERS LES CHUTES
À quelle période y aller : saison des pluies à son pic en décembre et janvier, uniquement si vous souhaitez assister à de plus gros débits d'eau
Où prendre le bus pour se rendre au parc : à la gare routière de Puerto Iguazú La compagnie : Rio Uruguay Horaire des bus : le premier bus part vers 7h du matin je crois, et il y a ensuite des bus toutes les 20min, à l’image de navettes Destination à demander : Las Cataratas Prix des billets de bus : il faut compter 320 pesos l’aller-retour pour une personne, soit 160 pesos l’allée et 160 pesos le retour Temps de trajet entre Puerto Iguazú et le parc : environ une trentaine de minutes Coût du billet d’entrée du parc : 700 pesos par personne / 500 pesos pour les locaux N.B : Ayez une pièce d’identité sur vous, elle aidera à déterminer votre nationalité pour les billets d'entrée. À emmener (facultatif) : un pique-nique, une veste imperméable, de quoi protéger votre matériel photo de l'eau si vous en avez, et des jumelles
N.B. Je ne convertis aucun des montants en euros en raison des inflations que le pays connaît. Sachez néanmoins que vous tournerez certainement autour de 30 à 35€ tout compris par personne à la journée (billet d’entrée, nourriture, aller-retour compris), voire moins en fonction des inflations.
CONCLUONS : IMPRESSIONS ET ÉCO-TOURISME
Les chutes d’Iguazú représentent l’un des premiers paysages les plus impressionnants qui m’ait été donné de voir en Amérique du sud. Le premier parmi une longue série, mais cet endroit en particulier, a je pense, volé une partie de mon cœur. C’est comme si une réelle partie de moi y était restée, tellement son empreinte est ancrée en moi. Un souvenir unique. Un paysage d’une grande beauté, et certainement l’un des premiers à m’avoir ouvert les yeux sur une nature si puissante et si fragile à la fois, si indépendante et si insoumise.
J’avais peur de vous en dire trop ou pas assez… J’ai essayé de modérer l’article de manière à faire passer l’essentiel de ce que je voulais transmettre, tout en gardant le reste plus flou au cas où vous décidiez de vous y rendre un jour. Une chose est sûre, le parc vaut le détour, j’encourage n’importe qui à y aller ! Je pense qu’il s’agit d’un des paysages à voir au moins une fois dans sa vie. Depuis que je m’y suis rendue, je n’imagine plus la mienne sans l’envie de découvrir des sites naturels semblables, tout aussi incroyables !
Et je le répète, il ne suffit pas d’en faire le tour à travers un article ou un reportage, les chutes d’Iguazú méritent largement que l’on prenne le temps d’aller embrasser les sinuosités et les secrets de ce lieu. La seule chose que je regrette de cette destination, est de ne pas être revenue le lendemain. Le parc offre une ristourne de 50% aux personnes qui repassent une deuxième fois. Pour en bénéficier, il ne faut évidemment pas oublier d’aller faire tamponner son billet aux guichets à l’entrée avant de partir du site.


Par ailleurs, j'ai aussi oublié de vous préciser qu'il est tout à fait possible de vous rendre en bateau sur l'île San Martin. Il s'agit de l'îlot que vous voyez en haut du plan à gauche. L'activité est payante, mais elle vous donne l'avantage d'avoir encore un autre point de vue sur les chutes.
Cependant (et il ne s'agit que de mon avis), au delà de l'aspect "attraction" que cela rajoute au parc, je tenais à préciser que cela entraîne également et nécessairement un impact sur les animaux présents sur le site. J'imagine que le bruit des bateaux à moteur a conduit certaines espèces à s'éloigner plus loin dans le parc. Or les ressources et l'écosystème dont ils ont besoin pour vivre ne s'y trouvent pas forcément. Pensez à cela le jour où vous vous y rendrez.

Bon ne soyons pas hypocrites, j'ai moi-même emprunté le petit train à l'intérieur du parc pour me rendre à la Garganta del diablo. Une infrastructure trop imposante à mon goût. Mais cela était je pense un peu plus nécessaire que de faire un tour en bateau pour se rapprocher du pied des chutes ou d'avoir un nouveau point de vue sur elles, lorsque les parcours proposés vous en offrent déjà bien assez.
Pareillement, j'ai entendu dire que des tours en hélicoptère étaient proposés du côté brésilien il me semble. Même discours, oui c'est magnifique, oui c'est un nouveau point de vue, mais est-ce vraiment nécessaire ?
Trêve de bavardage !
Excusez cet article un peu long, mais je ne l'ai pas écris que pour vous. J'ai aimé me remémorer chaque détail, et voyager de nouveau, à travers mes souvenirs.
En espérant avoir éveillé vos sens,
n'hésitez pas à laisser un commentaire, ou à me poser des questions !
Sur le blog ou sur instagram @aphelievg, comme d'habitude !
Lili
Tags : #Argentine #Iguazu